Le «présidentialisme» qui se propage aujourd’hui est peut-être l’espoir de ceux qui ne supportent pas la séparation des pouvoirs et les garanties statutaires.
Les difficultés rencontrées par le Conseil Régional ont laissé place à la solution la plus simpliste : si la stabilité fait défaut, alors il suffit de placer une seule personne au pouvoir, en lui donnant une large autonomie vis-à-vis du pouvoir législatif. Le risque – non négligeable – est d’aller vers une gestion hégémonique du pouvoir par le Président de la Région, conséquence de la concentration excessive des pouvoirs en sa personne. Une concentration qui, dans notre réalité, contrairement à ce qui se passe dans les autres régions italiennes, comprend également des pouvoirs préfectoraux. Ceux qui proposent aujourd’hui les référendums présidentiels comme rempart de la démocratie et de la stabilité doivent aussi se charger d’expliquer aux citoyens que le passage à l’élection directe du Président signifie changer en profondeur le système juridique de notre Région. C’est décider que le Gouvernement n’est pas formé «dans» et «par» le Conseil Régional mais qu’il est une émanation directe du Président. Un Président qui pourra nommer et révoquer à volonté les assesseurs. La seule possibilité pour le Conseil régional de contenir cette situation serait de voter une motion de censure qui se traduirait en démissions de tous et élections anticipées ! Il s’agit d’établir des critères d’équilibrage des pouvoirs, capables de limiter le superpouvoir du Chef de l’Exécutif. À moins que nous ne voulions également renoncer à cette garantie, tant qu’on y est!
Un autre élément inquiétant est la dimension de notre petite Région : nous n’avons pas des millions d’électeurs. Quelques centaines de préférences suffiraient à établir qui sera le nouveau sommet de la Vallée d’Aoste : ce qui représenterait une puissante torsion monochromatique-personnaliste… entre les mains de qui? Il est vrai que le Conseil régional a eu des difficultés ces dernières années. Mais ces difficultés, qui l’ont conduit parfois à l’impuissance, ne doivent pas être affrontées avec une obtuse fermeté, et s’il ne fait aucun doute qu’une réforme de la loi électorale peut être utile, il est également vrai que ce Léviathan n’est pas nécessaire. Quelques astuces suffiraient, comme une prime de majorité dans des proportions variables, un seuil électoral, cinq préférences et, peut-être, la réduction des contributions financières pour le fonctionnement des Groupes de Conseil qui se constituent pendant la législature.