les Femmes Valdôtaines

Les vœux spéciaux des Femmes Valdôtaines aux femmes de demain, en ce 8 mars 2024

Ma grand-mère avait un grand sens de l’humour et lorsqu’elle me voyait aller skier alors que j’avais mes règles, elle me taquinait en me disant: “tu es folle? Nous avons trouvé l’excuse des menstruations pendant des siècles pour nous reposer de toutes les tâches ménagères. Nous avons inventé que lorsque nous avons nos ‘bàgue’, nous faisons même ‘impazzire’ la mayonnaise pour éviter de cuisiner et au lieu d’en profiter, tu vas faire du sport?…”.

Au fil des ans, nous, les femmes, sommes passées des ‘ciripà’ aux serviettes jetables, aux tampons, à la coupe menstruelle, mais “ces jours-là” continuent d’être une partie mystérieuse de notre vie et un élément fondamental de notre féminité. Certaines le vivent avec une grande nonchalance, d’autres ont besoin de se renfermer sur elles-mêmes et de ralentir le rythme de leur vie, souvent frénétique.

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée de la Femme, je souhaite à ma fille de vivre sereinement ses cycles menstruels et sa propre féminité, sans chercher à ressembler aux hommes en tout mais en gardant vivants ces traits d’humanité qui ont toujours distingué le fait d’être une femme. Et peut-être que je lui souhaite aussi de trouver des tampons ou des serviettes hygiéniques à des prix raisonnables dans les supermarchés.

C.


Ma mère me racontait que, lorsqu’elle était fillette, elle allait à bicyclette d’Arnad à Saint-Vincent avec les œufs des ‘dzeulenne’ que la famille élevait, parce qu’à Saint-Vincent, on pouvait les vendre à un meilleur prix qu’à Verrès. Avec l’argent gagné, elle achetait du café et du sucre.

Moi, j’ai toujours essayé de limiter le sucre pour ne pas grossir. Toute ma vie, avec difficulté, j’ai évité de prendre du poids pour me conformer à l’image que, selon moi, la société exigeait.

En ce 8 mars 2024, je souhaite à ma fille de pouvoir choisir d’utiliser ou non du sucre, ou un édulcorant, en ne tenant compte que des conséquences sur sa santé et, surtout, je lui souhaite d’être libre de décider de l’image qu’elle veut donner de son corps à la société.

T.


Ma grand-mère a été une fille-mère. Dans ces années-là, c’était une honte… Elle est allée accoucher en dehors de la Vallée, probablement pour éviter le scandale. Puis elle a trouvé un ‘bravo òmmo’ qui l’a épousée et a reconnu l’enfant.Ma mère a eu quatre grossesses. La première fois qu’elle est tombée enceinte, c’était de 2 jumeaux mais elle ne le savait pas: il n’y avait pas d’échographie. Elle avait un ventre énorme et continuait à aller travailler à l’usine sur son vélo, en posant son énorme ventre sur le barreau.

Le deuxième enfant n’a vécu que 8 jours: à l’époque, on ne faisait aucun examen prénatal.Moi, je me suis concentrée sur ma carrière. Lorsque j’ai essayé d’avoir des enfants, j’avais déjà plus de 40 ans… et je n’ai pas réussi… peut-être était-il trop tard.Pour la Fête de la Femme 2024, je souhaite aux femmes de demain de pouvoir choisir librement le moment d’avoir un enfant et, si elles le veulent, de le faire seules, sans se sentir coupables ou mal jugées. Mais surtout, je souhaite qu’elles puissent vivre leur grossesse en toute sécurité, en étant protégées sur leur lieu de travail et en bénéficiant du meilleur soutien médical possible.

M.


Ma mère a eu six enfants et s’est toujours occupée de nous tous et de mon père qui était le seul à travailler et qui, pour des raisons professionnelles, nous a fait déménager quatre fois. Il n’a pas été facile de reconstruire les relations et l’environnement familial dans des régions et des écoles différentes, mais maman était là pour nous aider à nous habituer à la nouvelle ‘méijón’ et elle était toujours prête à ajouter un plat à la table pour les amis, anciens et nouveaux, que mes frères, mes sœurs et moi ramenions souvent. Lorsqu’elle est devenue veuve, avec la maigre pension de réversibilité, elle n’aurait pas pu subvenir à ses besoins toute seule. Mais moi je travaillais et comme j’étais la seule à ne pas s’être mariée, j’ai partagé un appartement et les dépenses avec elle, et nous sommes restées ensemble jusqu’à sa mort… il y a quelques années.

Je souhaite à mes nièces qu’elles puissent s’épanouir en travaillant ou en s’occupant de leur propre famille si elles le souhaitent. Si elles optent pour le second choix, j’aimerais vraiment que les Institutions du futur reconnaissent l’importance de la fonction sociale des femmes au foyer et leur donnent la possibilité de vivre une vieillesse dans la dignité.

L.


Lorsque j’entends des regrets sur le bon vieux temps, je me dis que c’est vrai, beaucoup de choses ont changé pour le pire, mais puis je pense à la dureté de la vie de nos grands-mères, et alors, il faut reconnaître que pour nous, les femmes, quelque chose s’est nettement amélioré. Lorsque je suis née, par exemple, il n’y avait pas d’eau courante dans la maison et c’était ma mère qui était chargée d’aller au ‘boueui’ tous les jours pour remplir les seaux. Moi et mes filles nous avons toujours eu de l’eau potable qui sortait des robinets de notre cuisine et de notre salle de bain. Nous avons utilisé l’eau la considérant comme acquise, sans trop penser au bien précieux qu’elle était.

En cette Journée de la Femme 2024, je souhaite à mes petites-filles de pouvoir toujours disposer de toute l’eau dont elles ont besoin, mais qu’elles l’utilisent consciencieusement et avec parcimonie, sans jamais la gaspiller, compte tenu des pénuries prévues à l’avenir de cette ressource indispensable.

Je leur souhaite aussi de ne pas se laisser convaincre, par des sournoises stratégies de marketing, à acheter des bouteilles d’eau minérale à 8 euros le litre simplement parce que l’œil bleu de Chiara Ferragni est dessiné sur l’étiquette.

N.


En Vallée d’Aoste, on entend souvent parler de la nécessité d’atteindre l’indépendance économique afin d’avoir une autonomie effective, plus de pouvoir de décision, bref afin d’être libres. Je crois que cet aspect devrait toujours être gardé à l’esprit, surtout par les femmes: avoir un travail, gagner son propre salaire, permet de ne dépendre de personne, ni économiquement, ni mentalement. Ma mère, même si elle vivait à une époque désormais lointaine, était bien consciente de ce concept et elle a su me le transmettre à travers l’exemple: dès qu’elle a pu elle s’est rendue au marché pour vendre les produits qu’elle cultivait dans son ‘courtì’ afin de contribuer au budget familial, mais aussi pour ne pas dépendre de son mari. Et tout au long de sa dure vie, elle n’a cessé d’insister pour que je fasse des études, me disant toujours qu’avec un bon diplôme, j’aurais pu avoir un travail moins fatigant que le sien.

Le 8 mars 2024, je souhaite que mes filles et petites-filles prennent conscience de l’importance d’une bonne éducation et de l’indépendance économique, afin qu’elles puissent penser avec leur tête et marcher sur leurs propres jambes sans l’aide de personne.

C.


Ma grand-mère se rendait au lavoir avec un seau en fer rempli d’eau bouillante chauffée sur le ‘potadzì’. Au lavoir, elle rinçait tout le linge après l’avoir trempé dans l’eau chaude et lavé avec une brosse et un gros morceau de savon jaune foncé.

Ma mère lavait toujours tout avec la machine à laver et l’étendait sur les fils de notre balcon.Nous avons une machine à laver et un sèche-linge dans la salle de bains. Mon mari et moi travaillons tous les deux huit heures par jour, mais c’est toujours moi qui utilise les deux appareils, qui plie ou repasse le linge et qui le range dans les armoires. Aujourd’hui, 8 mars 2024, je souhaite à ma fille de trouver un homme avec qui elle pourra partager cette tâche en toute égalité.

B.


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