S’il faut vraiment donner une date de départ à l’autonomie valdôtaine, la plus appropriée est probablement le 7 mars 1536, jour de la création du Conseil des Commis. Pour éclairer davantage cette période lointaine, il est également nécessaire de rappeler les liens entre la Maison de Savoie et la Vallée d’Aoste qui, comme toutes les relations de longue durée, ont connu des moments de concorde et de désaccord mais qui, en général, ont été bénéfiques pour les deux parties.Il y a presque cinq cents ans, en effet, au début de l’année 1536, le roi de France François Ier décida d’envahir le duché de Savoie, avec environ quarante mille soldats. Fin février, à Aoste, les États généraux sont convoqués et le bailli Mathieu De Lostan, représentant du duc de Savoie, demande à l’Assemblée si la vallée d’Aoste, qui reste l’une des rares terres des Savoie à ne pas avoir été envahie par les Français, souhaite rester fidèle à la Maison de Savoie et catholique. Une résolution est approuvée à l’unanimité, dans laquelle les membres de l’Assemblée déclarent “vouloir tous vivre et mourir et non rien épargner pour déffendre nostre saincte foy catholicque, pour la obéissance de nostre prince et pour la déffense de ses pays”.
Quelques jours plus tard, le 7 mars précisément, le Conseil des Commis est créé afin d’éviter la convocation compliquée et coûteuse des États généraux. Il s’agissait d’un petit groupe d’hommes, dotés des pleins pouvoirs en matière politique, militaire, économique et sanitaire, qui auraient dirigé le pays entre les réunions des États généraux. Grâce à cette organisation administrative, le duché d’Aoste pouvait battre monnaie et la diplomatie valdôtaine pouvait conclure de manière autonome des traités de neutralité avec la France. De plus, le Conseil des Commis, grâce à la création d’une milice de 4000 hommes, empêcha le passage de toute armée étrangère sur le territoire valdôtain. C’est alors que la Vallée d’Aoste s’est transformée en un État pratiquement indépendant, puisque la famille de Savoie ne maintenait en réalité que seulement nominalement sa domination sur nos territoires et nous jouissions donc d’une grande liberté et d’une grande autonomie de décision.
Bref, le bon vieux temps passé de la vraie autonomie!