Le bain de foule, largement relaté par les médias, qui a été réservé à la Première Ministre Giorgia Meloni il y a quelques semaines à Aoste, a dû intoxiquer quelques représentants bien connus du centre-droite local. Nous ne pourrions expliquer autrement les boutades exprimées, samedi 17 février, à Aoste lors du Congrès régional et provincial de « Fratelli d’Italia ».
Tout d’abord, les déclarations de Domenico Aloisi, ancien Conseiller régional du « Movimento Sociale Italiano » et l’un des fondateurs des FDI, nous ont paru assez opaques lorsque, sous les applaudissements de la quarantaine de militants présents au Congrès, il a affirmé qu’Émile Chanoux était un fasciste et qu’il fallait réécrire complètement l’histoire de la Résistance. Bien que, semble-t-il, il se soit immédiatement rendu compte du faux pas qu’il avait commis, il s’est justifié en disant que ces déclarations n’étaient que le fruit de ses réflexions personnelles et a démissionné de la coordination régionale du FDI. En tout cas nous tenons à rappeler que l’antifascisme de Chanoux est bien attesté par ses écrits, sa vie et surtout sa mort. Mort, entre autres, dont les précurseurs de l’espace politique dont M. Aloisi est l’un des valides promoteurs ont été responsables. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la figure de Chanoux est déformée par des épisodes de révisionnisme historique assez fantaisistes qui, à vrai dire, n’appartiennent ni à la droite ni à la gauche, mais qui, de quelque camp qu’ils viennent, nous frappent toujours.
Et puis, de nombreuses attaques ont été lancées contre l’Union Valdôtaine par Alberto Zucchi, élu nouveau Président de FDI à l’issue du Congrès. Selon Zucchi, son parti et, plus généralement, le centre-droite seraient la seule alternative à l’UV, accusée, entre autres, « d’utiliser (…) l’autonomie (…) pour construire un système de socialisme réel difficile à ébranler » et d’exploiter les grands chiffres du budget pour se maintenir au pouvoir, nous accusant sans détours de « ne pas avoir la force des idées mais celle de l’argent ». Selon Zucchi, après la visite de la première Ministre Giorgia Meloni, il y a une file d’attente de Valdôtains qui le cherchent parce qu’ils veulent adhérer à FDI.
Sur le fait que l’Uv n’a pas d’idées, nous ne pensons même pas qu’il soit opportun de répondre: nos 78 ans d’histoire (une histoire, entre autres, dont nous ne devons pas avoir honte ou que nous ne devons pas renier) répondent pour nous.
En revanche, nous avons du mal à croire que les Valdôtains soient prêts à accorder leur confiance à cet homme dont nous voudrions rappeler le parcours personnel tortueux, caractérisé par un transformisme politique remarquable même selon les critères italiens.
Installez-vous confortablement, car cette histoire va vous faire tourner la tête.
M. Zucchi a été un des premiers fondateurs de « Forza Italia » et, en 1995, il a réussi à se faire élire au Conseil municipal d’Aoste avec ce parti. En 2000, il se porte candidat à Syndic en tant que proche de l’UDC (Unione di Centro), mais après avoir été élu dans la minorité, il décide de rejoindre « Alleanza Nazionale ». En 2008, il se présente aux élections régionales avec le « Popolo della Libertà »; à cette occasion, il travaille à des accords avec l’Union Valdôtaine et obtient la Présidence de la première Commission. C’est précisément sur la base de ces accords qu’un agrément sera également conclu pour les élections municipales à Aoste.
Après la défaite électorale de 2013 qui a décrété la disparition du PDL du Conseil régional, Zucchi démissionne, avec une lettre adressée au Secrétaire national, Angelino Alfano, et au coordinateur, Denis Verdini, dans laquelle il assume « toute la responsabilité politique d’un résultat désastreux qui a dépassé mes pires cauchemars ».
Cependant, après cette défaite amère, il ne s’est pas découragé longtemps: en fait, il s’est immédiatement remis sur les rails en passant à la « Lega Nord » parce qu’il voulait, comme il l’a affirmé: « contribuer à la croissance de la Lega Nord (…), dans laquelle je me retrouve dans de nombreux principes fondamentaux exprimés par Matteo Salvini ». Mais là encore, l’idylle est de courte durée et son parcours au sein du parti s’achève en 2016, à la suite de quoi il a finalement atterri à « Fratelli d’Italia ».
Bref, si l’Union Valdôtaine n’a pas d’idées, peut-être que M. Zucchi en a trop…
Au milieu de cette éblouissante carrière de transformiste, il y a aussi une condamnation à un an et quatre mois de prison pour détournement de fonds.
En résumé, Valdôtains, ne vous laissez pas embobiner par les habiles campagnes de propagande menées sur les réseaux sociaux et à la télévision grâce auxquelles Mme Meloni jouit d’une telle audience et d’une telle popularité. Rappelez-vous plutôt qu’en votant FDI en Vallée d’Aoste, vous risquez d’élire au Conseil régional des personnes au passé politique pittoresque et quelque peu douteux.