La table ronde organisée par l’Union Valdôtaine, pour célébrer le 80ème anniversaire de la mort de l’Abbé Joseph-Marie Trèves, a eu lieu à Émarèse, son village natal, le soir du 28 juin, c’est-à-dire le premier jour dans lequel notre Région est officiellement passée en zone “blanche”, par conséquent je ne pouvais pas la rater car c’était une belle façon de célébrer notre retour à la normalité.
L’Abbé Trèves, dont la pensée politique est à la base de notre Movement, est mort le 21 juin 1941 “le jour le plus lumineux de l’an, – a rappelé notre Sénateur, M. Lanièce – c’était comme s’il avait voulu nous laisser un flambeau, pour nous illuminer”, pour nous faire voir le chemin à poursuivre dans notre avenir. En effet tous les intervenants au débat ont été bien d’accord pour reconnaître l’extraordinarie actualité de sa pensée surtout en ce qui concerne sa vision de l’organisation des États en clé fédéraliste, avec une attention particulière pour la personne, pour le peuple, qui devrait toujours être au centre de toute action politico-administrative.
La nouvelle Présidente de l’UV, Cristina Machet, a repris des écrits passionnés de l’Abbé Trèves dans lesquels il préconisait la naissance de la République en Italie et demandait aide à Dieu afin qu’on puisse parvenir “à donner à toute cette mosaïque de peuples (…) différents, ce régime – type Suisse – (….) des États confédérés d’Italie”, l’unique système, selon Trèves, à même de résoudre les nombreux problèmes de notre patrie. Il souhaitait donc la création d’un “État Valdôtain fédéré, avec sa langue, ses traditions, ses coutumes et se mœurs, sa force et son honneur”. Machet a donc terminé son intervention en invitant les institutions à recommencer à parler de Fédéralisme et de bien vouloir le remettre au centre de leurs actions politiques.
Guido Grimod, qui modérait le débat, a dit entre autre qu’il était désolé de constater que les jeunes ignorent qui était ce personnage et surtout ce qu’il a fait, en y mettant tout son cœur, avec “La Jeune Vallée d’Aoste” pour la sauvegarde de notre culture montagnarde et francophone.
M.me Laura Grivon, du “Centre Culturel Abbé Trèves” dans les locaux duquel se tenait la conférence, à l’aide de diapositives nous a fait parcourir les principales étapes de la “Jeune Vallée d’Aoste”, le Groupe d’Action Régionaliste fondé par Trèves avec d’autres jeunes en 1925, qui avait pour but la reconnaissance de nos droits régionaux et la sauvegarde de nos traditions, de notre langue et de nos institutions.
L’historien Joseph Rivolin s’est tourné justement vers la vision de l’Abbé de l’histoire en la définissant “moderne et prophétique”, car il avait déjà compris que le but ultime de l’histoire aurait du être l’étude du peuple dans son ensemble et non seulement l’analyse stérile de documents, de données. Pour cela faire il avait envisagé des projets: la création de plusieurs annales dédiés aux différentes parties de la société (familial, paroissial, militaire, de l’agriculture, de l’immigration, etc.) afin d’avoir une idée précise de la vie des villages. En outre, en constatant l’existence de différents peuples en Italie, Trèves considérait le modèle fédérale comme le plus juste, un modèle donc qui allait au délà des frontières artificielles des États et qui par conséquent était déjà projeté à niveau Européen.
Et c’est justement à niveau Européen que, selon Frédéric Piccoli, l’animateur de la Jeunesse Valdôtaine, en accord parfait avec la pensée de Trèves, tous les petits peuples devraient être reconnus et écoutés. Le Comité des Régions (qui est l’organe de consultation et de représentation des régions et des villes de l’Union Européenne) devrait pouvoir mené une action plus incisive. L’ UE de demain, selon Piccoli, devrait être inclusive, démocratique et à la portée des nouvelles générations. Pour cela faire il faudra concentrer l’action d’une part pour obtenir l’autonomie financière et pouvoir décider les dépenses à faire, d’autre part pour créer des institutions démocratiques avec une réelle représentativité.
Albert Lanièce a conclu la soirée en se disant toujours stupéfié de la grande actualité de la pensée de l’Abbé Trèves. Ce qui est vrai dans plusieurs domaines, comme par exemple lorsqu’il se préoccupait de la disposition sur les eaux, sujet qui a recommencé à faire la une en ces jours auprès de la “Commissione Paritetica”. Pour ne pas parler de la nécessité absolue de réorganiser l’UE comme un ensemble de peuples, en dépassant les seuls intérêts économico-financiers: “ce différent modèle d’Union Européenne aurait sûrement su résoudre la question Catalane de façon moins violente” a dit notre Sénateur qui nous a ensuite mis en garde contre les tentatives récentes du Gouvernement Italien de modifier le titre 5ème en sens centralisateur sous le faux prétexte d’obtenir un meilleur fonctionnement de l’État. “La vision fédéraliste n’est malheureusement pas trop partagée en Italie – a poursuivi Lanièce – , tant bien au Sénat qu’à la Chambre des Députés”. Voilà pourquoi il faudrait expliquer davantage aux Valdôtains la pensée de l’Abbé Trèves à travers aussi un enseignement ponctuel de notre civilisation et de notre culture dans les écoles régionales.
“Où est le peuple Valdôtain? Est-ce qu’il dort? Nous devons réveiller la conscience de notre peuple. Nous devons réagir!” a exhorté le modérateur Grimod en fin de soirée.
Tiziana BALMA