Invité à la rencontre biannuelle de la francophonie qui s’est tenue à Villers-Cotterêts, Stefano Crétier partage sa pensée sur la langue française et son rapport à la Vallée d’Aoste.
En revenant du XIX e Sommet de la Francophonie, j’ai réalisé à quel point la francophonie est un bien précieux pour nous, Valdôtains. Elle ne doit pas être perçue uniquement comme un héritage historique ou un marqueur d’identité, mais comme une réelle opportunité pour tous, et en particulier pour la jeunesse, de s’ouvrir au monde. Notre région, avec ses racines francophones profondes, est un exemple de résistance linguistique, mais aussi de résilience face aux pressions externes, comme celles du régime fasciste qui a cherché à effacer notre langue et notre culture.
La Vallée d’Aoste a une relation particulière avec le français. Dès 1536, alors même que la France n’avait pas encore adopté l’usage du français par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, notre région avait déjà fait du français la langue officielle des actes publics. Plus tard, l’édit de Rivoli, en 1561, confirma cette orientation. Cela montre à quel point la langue française a toujours été au cœur de notre identité collective. Mais aujourd’hui, il est primordial de comprendre que la francophonie ne doit pas être un simple vestige du passé. Elle est une porte ouverte sur l’avenir, notamment à travers les échanges économiques, culturels et éducatifs qu’elle peut offrir.
La francophonie n’est pas seulement une langue, c’est un espace de rencontre et de dialogue. Elle nous permet de nous connecter à une communauté internationale de plus de 300 millions de personnes. Ce réseau francophone, présent sur tous les continents, nous offre d’innombrables opportunités. Que ce soit dans les affaires, le tourisme, ou encore la coopération internationale, le français est un atout de taille. Il est essentiel que nous, Valdôtains, jeunes et moins jeunes, prenions conscience de cette richesse et l’utilisions pour élargir nos horizons.
Nous devons encourager une nouvelle génération de Valdôtains à s’investir. Le français ne doit pas être vu comme une contrainte, mais comme un outil précieux, une ressource qui ouvre des portes à l’international.
Pour moi, la participation à ce Sommet a été une opportunité de rencontrer des acteurs venus du monde entier, de partager nos idées et d’apprendre des autres. J’ai vu à quel point la francophonie peut être une force pour tous ceux qui souhaitent s’engager, se former et évoluer dans un cadre où la langue française joue un rôle central. Mais pour cela, nous devons encourager une nouvelle génération de Valdôtains à s’investir. Le français ne doit pas être vu comme une contrainte, mais comme un outil précieux, une ressource qui ouvre des portes à l’international.
Il est donc crucial que les jeunes Valdôtains se réapproprient cette langue. Mais cela va au-delà de l’apprentissage à l’école. Il faut que nous la vivions au quotidien, à travers des séjours linguistiques, des projets interculturels, et surtout en créant des opportunités concrètes d’échanges avec d’autres pays francophones. La langue française est vivante, elle évolue, et c’est à nous de la faire vibrer dans notre région.
Mon rêve serait que la Vallée d’Aoste puisse un jour rejoindre officiellement l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) […] Ce serait une manière de reconnaître nos racines tout en affirmant notre rôle sur la scène internationale.
Enfin, participer à ce Sommet m’a fait rêver à quelque chose d’encore plus grand. Mon rêve serait que la Vallée d’Aoste puisse un jour rejoindre officiellement l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Bien que nous fassions partie de l’Italie, une adhésion symbolique ou un statut spécial pour la Vallée dans cette organisation serait un signe fort de notre attachement à la francophonie. Ce serait une manière de reconnaître nos racines tout en affirmant notre rôle sur la scène internationale.
La francophonie a un avenir en Vallée d’Aoste, si nous, Valdôtains, choisissons de l’adopter comme un outil puissant, moderne et universel. Je crois profondément que ce rêve peut devenir réalité, si nous continuons à valoriser notre héritage tout en le projetant dans le futur.
Stefano Crétier
Stefano Crétier a été responsable des rapports avec les Peuples Frères et avec la Francophonie de la Jeunesse Valdôtaine de 2010 à 2016. Il a également été délégué du Parlement francophone des jeunes de l’APF au Sommet de la Francophonie de Montreux de 2010.
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