Le 21 et 22 octobre dernier, les Chefs d’Etat et de Gouvernement se sont réunis pour un Sommet européen qui a été tendu, surtout au moment de la discussion du dossier “Migrations”.
Du reste, une situation épineuse était attendue après que le 7 octobre dernier, les Ministres de l’Intérieur de 12 Pays (Autriche, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, Grèce, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) avaient écrit à la Commission pour demander à l’UE de financer la construction de « barbelés et de murs » aux frontières. Quelques semaines auparavant, le Danemark avait même fait un cadeau particulier à la Lituanie: quinze kilomètres de fils barbelé qui voulaient être une contribution symbolique pour aider l’Etat balte à poursuivre dans l’installation, sur sa frontière avec la Biélorussie, d’une clôture de 500 kilomètres. Et, en faisant un pas en arrière, lors de la crise migratoire de 2015, la Hongrie avait elle aussi érigé ce type de barrière à la frontière avec la Serbie et la Croatie (pays membre de l’UE mais qui n’est pas dans l’espace Schengen). La Slovénie a fait de même avec la Croatie.
Les Vingt-sept membres du Sommet, après une discussion qui a duré plusieurs heures, ont finalement trouvé un accord. Le document produit introduit le concept “d’équilibre entre responsabilité et solidarité”, ce qui a satisfait le Premier Ministre Italien, Draghi, car il a déclaré que “le texte original ne parlait que de limites aux mouvements secondaires de migrants”, c’est-à-dire les mouvements du Pays où ils sont arrivés au départ vers d’autres États de l’UE. Le document souligne également la nécessité de garantir des rapatriements effectifs et la pleine mise en œuvre des accords et modalités de réadmission.
En ce qui concerne le financement demandé pour la construction de murs ou la pose de barrières aux frontières pour empêcher les arrivées de migrants, La Présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a conclu de façon tranchante: “J’ai été très claire sur le fait qu’il y a une position commune de longue date de la Commission et du Parlement européen sur le fait qu’il n’y aura pas de financement de barbelés et de murs”.
Notre Sénateur, Albert Lanièce, commentant cette décision, a voulu rappeler comment dans le passé de nombreux Valdôtains, poussés par la pauvreté, avaient été contraints d’émigrer et il a déclaré: ”La Vallée d’Aoste se souvient encore très bien que, jusqu’il y a 80 ans, de nombreuses familles avaient dû émigrer pour pouvoir sortir de la pauvreté. S’il y avait eu des murs, ces murs qui sont à nouveau invoqués, combien de familles seraient restées dans la misère? Élever des barrières est profondément mauvais. Mais si elles sont invoquées de plusieurs parts, cela signifie que quelque chose continue d’échouer dans les politiques migratoires européennes. L’Europe doit affronter le problème collectivement, sans laisser les Pays individuellement face à ce phénomène historique des grandes migrations de peuples. C’est pourquoi, pour nous, qui nous sommes toujours reconnus dans les valeurs européennes, il est important que l’UE garde la barre droite face à ces situations. Et je pense à la Pologne, qui essaie de saper les principes fondateurs de la UE. C’est un problème si quelqu’un pense de pouvoir revenir en arrière dans l’histoire, une histoire qui va plutôt dans le sens inverse, c’est-à-dire celui d’une intégration toujours plus grande”.