Culture

Nouvelle université de la Vallée d’Aoste : la fin d’un long parcours ?

À l’occasion de la Journée internationale de l’éducation 2025, Le Peuple Valdôtain fait retour sur le campus universitaire nouvellement inauguré.

Lorsque le Président de la Région Renzo Testolin et le Président de la République Sergio Mattarella ont inauguré le nouveau campus universitaire d’Aoste samedi 7 septembre 2024, un long parcours venait de s’achever.

En 1997, le député valdôtain Luciano Caveri, aujourd’hui assesseur régional de l’Union Valdôtaine, introduisait un amendement à l’une des lois Bassanini (qui visaient à réformer l’administration publique) à la Chambre des Députés : dans la loi 127 de 1997, « la création d’une université non étatique dans les territoires respectifs de la Province Autonome de Bolzano et de la région autonome de la Vallée d’Aoste est autorisée, promue ou gérée par des établissements ou des privés ». C’est la graine initiale d’un long parcours pour la formation de haut niveau en Vallée d’Aoste.

Le 31 octobre 2000, faisant suite à la loi de 1997, l’État accorde à l’Université de la Vallée d’Aoste le droit d’attribuer des diplômes à ses étudiants. L’Université de la Vallée d’Aoste prend alors vie et commence à dispenser des cours.

Le 22 mai 2007, Caveri, devenu entretemps Président de la Région, s’accorde avec le Ministre de la défense Arturo Parisi pour que la caserne « Testafochi » passe du Ministère à la Région à titre gratuit, en échange de travaux d’aménagement pour requalifier la base logistique des forces armées et l’héliport militaire à Pollein, ainsi que la rénovation des casernes « Battisti » et « Ramires ».

Lorsque le transfert se conclut six ans plus tard, le 24 juillet 2014, l’opération aura coûté 28 millions d’euros pour obtenir 25 000 m2 dans le centre-ville d’Aoste : presque trois fois moins que le prix du mètre carré moyen dans la région en 2014. La superficie transformée finira par doubler à 56.302 m2.

Le plan de construction prévoyait la démolition de la caserne Zerboglio (est), où aujourd’hui se trouve le nouveau bâtiment abritant l’Université, et l’abattement de la caserne Urli (ouest), où ont été aménagés des parkings et un espace vert qui en 2024 ont pris le nom de « Jardin de l’Autonomie », sur demande de la Région. Cependant, tous les bâtiments militaires ne sont pas voués à disparaître : la caserne Giordana (datant de 1935), qui donne sur la Place de la République, tout comme la caserne Beltricco au nord (qui date de 1887), seront dans le futur réutilisées et modernisées pour accueillir le reste du campus. Dans le projet initial, la caserne Giordana serait devenue une bibliothèque, et la caserne Beltricco aurait elle dû abriter les bureaux administratifs.

Le nouveau bâtiment         

Confié à l’architecte Mario Cucinella, qui avait lancé sa carrière avec l’architecte Renzo Piano à la fin des années 90, l’idée du nouveau bâtiment suit un fil rouge : minimiser l’impact environnemental.

C’est ainsi que naît « le glacier » : une œuvre architecturale cherchant à maximiser l’exposition au soleil, en minimisant les pertes de chaleur à travers un isolement à la pointe et en exploitant 172 kW de panneaux photovoltaïques sur son toit. Un défi environnemental qui permettrait de faire ainsi baisser de 38% les émissions de CO2 liées au chauffage, à la ventilation et à la climatisation par rapport à un bâtiment de taille similaire, ce qui permettrait à la structure d’être également plus économe en dépenses.

Le nouveau bâtiment, qui s’étend aujourd’hui sur une superficie de 9000 m², prévoit d’abriter simultanément près de 1000 étudiants avec ses 20 salles de classe et son amphithéâtre de 174 places. De quoi redonner au centre-ville d’Aoste une nouvelle soufflée de jeunesse qui manquait cruellement depuis la fin du service militaire obligatoire, qui a vu le départ des près de 4 000 alpins logés dans les casernes.

Cap vers une véritable « Aoste étudiante » ?

Les parties prenantes du secteur universitaire valdôtain, sondées en 2022 dans une enquête parue dans la revue Regional Economy, concordaient à la quasi-unanimité que l’absence d’un campus complet représentait le principal point de faiblesse pour le système universitaire valdôtain. Il serait donc tentant de voir le premier bâtiment du pôle universitaire terminé comme marquant la fin d’un long parcours. Mais l’avenir réserve davantage de choix à faire.

Sur le plan immobilier, la conversion des bâtiments militaires existants progresse. L’Assesseur aux travaux publics, Davide Sapinet (UV), a déclaré début octobre que les travaux de réaménagement de la caserne Giordana débuteraient en 2025. La modernisation de la caserne Beltricco, encore à financer, est incluse dans les objectifs du Document d’Économie et de Finance Régionale (DEFR), adopté par le gouvernement régional.

Faire une université comporte aussi des changements d’urbanisme importants. Dans son programme pour les élections de 2020, la liste de l’Union Valdôtaine voulait ouvertement « redessiner Place de la République, à transformer en lieu de rencontre pour les étudiants et poumon vert de l’ouest » de la ville. Chose dite, chose faite : le Conseil Communal de la Ville d’Aoste a approuvé, ce 23 octobre, la semi-piétonisation de la Place. En réponse aux critiques, le rapporteur de la majorité Pietro Varisella (UV) a souligné que le nombre de parkings de la place augmenterait en raison des parkings superficiels et souterrains. Un choix qui va dans le sens d’intégrer le pôle universitaire au centre-ville d’Aoste, ce qui permettra aux jeunes de gagner en mobilité, aux commerces de profiter davantage de leur présence, et aux touristes de gagner plusieurs dizaines de mètres à parcourir en plus.

Vient ensuite la question des logements étudiants. En 2020/2021, seuls 55% des étudiants de l’Université de la Vallée d’Aoste étaient valdôtains : la demande en logement est donc motivée par tous ces étudiants s’étant établis ici pour suivre leurs études. Toujours ce 23 octobre, la majorité communale avait voté en faveur de la réalisation d’une résidence universitaire au bâtiment Cogne, avenue du Bataillon Aoste, dans une logique de réutilisation du patrimoine immobilier déjà existant. Cependant, la conversion de ce bâtiment anciennement voué aux activités culturelles prendra du temps, d’où la demande formulée par l’UniVdA sur la plateforme Place VdA afin de trouver des logements d’ici-là.

La réalisation de ce nouveau campus permet enfin à la Vallée d’Aoste d’améliorer sa position de carrefour culturel, rompant ainsi avec une rhétorique selon laquelle cette région serait une périphérie. Attirer davantage d’étudiants signifie repeupler une ville qui a perdu près de 1000 habitants en vingt ans, planter les graines de l’entrepreneuriat du futur, créer des liens avec le reste d’Europe, et générer l’expertise qui servira par la suite aux valdôtains et aux autres étudiants pour gérer leurs réalités locales, avec autonomie et bon sens.

Roland Martial

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