Loris Prola, 54 ans, Président de la Section de l’Union Valdôtaine de Verrès, pour ce petit interview, nous accueille dans son bar très connu, le « Caférin », et il nous offre l’apéro. Loris a une longue tradition familiale de militantisme dans l’Union Valdôtaine, et actuellement son frère, Piero, est le vice-Président du Mouvement, mais il veut me dire tout de suite que: «c’est vrai, moi je respire Union depuis que je suis enfant mais, une chose est l’émotivité et une autre est le raisonnement» et en fait pour lui, le choix de l’Union est un choix réfléchi «car elle représente les valeurs dans lesquelles je me reflète. Quand j’avais 18 ans je me suis posé quelques questions, j’y ai pensé» et son père qui l’avait bien compris, intelligemment, l’a laissé réfléchir et s’informer, sans mettre aucune pression sur lui. «Après cela, j’ai compris que seuls la protection des minorités ethniques, le fédéralisme, l’autonomie peuvent conduire au type de gouvernement le plus réactif aux besoins des peuples et le plus démocratique aussi. Car les exigences que nous avons ici sont certainement différentes de celles d’ autres régions italiennes». Tous ces besoins issus de territoires et cultures aux caractéristiques disparates devraient être prises en compte avec bon sens et la voie fédéraliste est la seule qui le permettrait. Du reste nous avons déjà eu l’occasion de voir ici, pendant le fascisme, le désastre et la douleur que le déni et le nivellement des cultures peut apporter. «Nous devons tous nous souvenir davantage des nos racines, de nos origines – reprend Loris Prola – parce que nous sommes nés en opposition au Fascisme et parmi les plus grands promoteurs de notre Mouvement il y a eu d’importantes personnalités ecclésiastiques, donc nous avons toujours eu une tradition de modération, nous avons toujours suivi une ligne politique pondérée, tranquille». Ce qui nous distingue clairement, dans la manière de faire de la politique et dans les positions extrêmes prises sur certaines questions brûlantes, des partis souverainistes qui ont eu beaucoup de visibilité sur la scène italienne et européenne ces derniers temps. Prola nous confie qu’il «ne supporte pas la superficialité des gens qui ont tendance à nous confondre, puisque nous aussi nous parlons de territorialisme, avec ces mouvements indépendantistes ou nationalistes avec qui nous n’avons rien à partager en termes de traditions, de méthodes et d’objectifs».
Pour revenir à la Section de Verrès, elle dispose également d’un Siège dans la rue principale du pays où se tiennent les réunions et Loris Prola en est devenu le président il y a quelques mois lors du renouvellement du Comité de Direction: «ces dernières années, la Section a malheureusement atteint un minimum historique d’inscrits et nous nous sommes fixés pour but de la recomposer, d’aller chercher, un à un, les anciens membres, pour comprendre les différentes raisons pour lesquelles ils sont partis». La désaffection des gens envers la politique est maintenant un phénomène généralisé partout «il suffit de regarder le taux de participation électorale qui n’atteint même pas le 50% en certaines zones. Il devient donc difficile même de parler de politique avec quelqu’un parce que, comme j’ai déjà dit, la superficialité est dominante, l’indifférence, voire le « qualunquismo », triomphent». Il est aussi malheureusement vrai, Prola en convient, que les fréquents épisodes de politiciens qui commettent des actes illégaux contre le patrimoine public n’aident pas les citoyens à regagner la confiance. Mais cela ne justifie nullement le départ de la politique du peuple. Du reste, s’il n’y aura plus de participation au système démocratique des élections, que se passera-t-il? L’armée arrivera-t-elle?».
Loris Prola conclut: «les dernières élections politiques se sont très bien déroulées car personne ne s’attendait à un résultat similaire de l’Union Valdôtaine. Et c’est une preuve que, en définitive, notre message est toujours constructif et actuel, et notre modération est toujours payante. Faisons juste attention à ne plus laisser prévaloir les personnalismes».
Verrès, le 1er janvier 2022