Le débat

La Vallée d’Aoste peut-elle devenir une San-Marino des Alpes?

Nous recevons et publions une contribution sur l’intervention « Quels contextes pour une nouvelle réunification ? » rédigé par M. Frédéric Piccoli. Merci M. Corrado Olivotto

Étant isolé dans ma maison à cause du Covid-19, dans ces jours j’ai adressé mon attention au débat politique et j’ai récemment fini de lire l’intervention « Quels contextes pour une nouvelle réunification? » rédigé par M. Frédéric Piccoli sur le nouveau site internet de « Le Peuple Valdôtain ».

J’ai beaucoup apprécié l’écrit ; étant maintenant au seuil des soixante ans, j’ai un souvenir assez précis de la première réunification UV + UVP + RV et, même si j’étais trop jeune pour bien me souvenir des raisons de la division de l’Union Valdôtaine en trois mouvements distincts, j’ai bien fixé dans ma mémoire les noms des protagonistes et les événements qui ont suivi la réunification, en passant auparavant par les listes communes aux élections administratives pour arriver enfin à la réunion proprement dite du décembre 1976.

Dans mon esprit, le scénario de l’époque a une plus grande dignité que celle d’aujourd’hui ; j’étais peut-être trop jeune pour réaliser ce qui se cachait derrière les événements des années ’70 mais je suis convaincu qu’à l’époque les grandes thématiques avaient plus d’importance que les personnalismes, mais peut-être que, dans ce cas, il s’agisse simplement d’une affectation romantique.

L’intervention de M. Piccoli traite des sujets de grande profondeur, nous invitant à dépasser les contingences et le désir de revanche pour nous concentrer sur l’autonomie, et il le fait en nous donnant deux suggestions que je considère fondamentales : 1) nous adresser, dans notre réflexion, à la dimension européenne, exigeant un espace autonome, mais j’oserais dire souverain, pour mettre la Vallée d’Aoste sur la voie de devenir une véritable San Marino des Alpes ; 2) redonner son contenu originel à la devise « ni droite ni gauche », qui n’est ni équidistance ni simple opportunisme mais qui est une nouvelle façon de penser, fédéraliste et libertaire, qui n’a pas une place dans la longitude politique traditionnelle mais qui est simplement une façon de penser valdôtaine, la façon de penser d’un bon père de famille l’activité duquel a le but de conquérir une vie toujours meilleure pour ses gens.

A ces deux suggestions de M. Piccoli j’aimerais en ajouter une troisième, je l’ai mentionnée dans un article parut dans « La Vallée Notizie » cet été. Reprenant la recommandation de l’écrivain de mettre la culture et l’éthique autonomistes à la tête de nos réflexions, je me permets de rappeler que l’article 1 de notre statut énonce : « (…) se rattache aux principes du fédéralisme global (…) ». À mon avis, c’est précisément lui la troisième pierre angulaire de notre réflexion idéale et donc le troisième ( ou le premier ? ) principe qui doit marquer la direction de notre voyage : le fédéralisme intégral.

Une idée de société qui prévoit le renversement de la pyramide du pouvoir en attribuant, au nom de la subsidiarité, le pouvoir décisionnel sur les diverses questions à des niveaux successifs, en considérant par défaut tout le pouvoir de compétence des familles et des villages et en ne déléguant ensuite aux différents niveaux supérieurs que les compétences qui ne peuvent pas être gérées localement ou qui on retiendra plus opportun déléguer à une réalité administrative supérieure.

Une idée de société qui met à profit ce qu’ Emile Chanoux a exprimé dans une ébauche manuscrite au sujet d’un projet de reconstruction administrative et économique de la Vallée d’Aoste libérée, selon les principes du fédéralisme intégral : « Le second principe politique est celui-ci : toute fonction sociale qui peut être exercée par un organe inférieur plus proche de l’individu ne doit pas être exercée par un organe supérieur plus éloigné de celui-ci, plus complexe. C’est-à-dire que de l’individu à la société on doit passer par degrés, par divers groupements sociaux, afin que les rouages sociaux soient les plus simples possible, qu’ils soient le plus proche possible de l’individu auquel ils doivent servir. ».

Voici ma modeste contribution au débat : la réaffirmation d’un principe fondamental de la démocratie qui est que le but de tout processus politique doit être la liberté ; qu’on ne fasse jamais plus l’erreur d’effectuer des opérations de sommet, la direction doit être celle qui conduit à l’autodétermination pleine et totale des peuples et des individus, sinon nous n’aurons fait que perdre notre temps.

Voilà mon souhait pour le Mouvement à l’occasion de ces difficiles fêtes de fin 2020 : vouloir et savoir reprendre, avec décision et compétence, le voyage vers la San-Marino des Alpes.

Cordialement, Corrado Olivotto – Sarre

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