Il ne fait aucun doute que la figure du Valdôtain Frédéric Chabod (1902-1960), antifasciste et partisan, qui s’est interrogé tout au long de sa vie sur la force et les limites de l’idée de nation, est encore liée à des événements douloureux et jamais totalement résolus de notre histoire politique locale.
Le nom de Chabod qui, après avoir quitté la Vallée d’Aoste pour toujours, est devenu un historien renommé, professeur dans des universités prestigieuses, collaborateur de l’Encyclopédie italienne, directeur de l' »Istituto italiano per gli studi storici », membre national de l’”Accademia dei Lincei” et Président du “Comité international de Sciences historiques”, a occupé le devant de la scène ces jours-ci en raison d’une trace dans la “Prima Prova” de l’Examen d’État 2023. Quelques passages, sur l’ascendance libérale de Cavour et la foi républicaine de Mazzini, tirés du livre de Chabod « L’idée de nation » étaient en effet proposés aux candidats, leur demandant de développer des considérations et réflexions sur la valeur à attribuer au concept de nation. Cela a été le sujet le moins choisi. Ce qui a déclenché une série interminable de polémiques sur la non-connaissance de Chabod de la part des étudiants valdôtains. Des polémiques qui me semblent quelque peu déplacées car, surtout par rapport aux autres titres, ce texte argumentatif était nettement plus complexe et les références de Chabod étaient si raffinées qu’il fallait être un passionné d’histoire, et non un simple adolescent, pour les comprendre pleinement.
Mais au-delà de ces controverses, je me suis demandé …et comme moi beaucoup d’autres… pourquoi, à un moment historique où le gouvernement central a fait du concept de nation – qui déborde parfois sur le nationalisme – l’un de ses principaux drapeaux, on a ressenti le besoin d’inviter les élèves à s’exprimer sur le sujet. Quoi qu’il en soit, il convient de rappeler que, dans son livre, Chabod affirme qu’en Italie, le concept de nation a subi une profonde transformation au cours de l’histoire, passant d’un concept purement territorial à celui d’une communauté fondée sur des valeurs partagées, telles que la langue, la culture, l’histoire et les traditions. Et comment ne pas rappeler, pour conclure, la « Giovine Europa » qui, pour Mazzini, devait être l’évolution naturelle de la « Giovine Italia ». Une fois de plus, nous revenons au noble concept d’une Europe des nations, des patries, grandes et petites qu’elles soient, mais dignes d’une égale dignité et d’un égal respect. Un concept dans lequel moi je me suis toujours reconnue et qui n’a absolument rien à voir avec les tons célébrants et nationalistes exaltant la puissance d’une nation centralisée que, peut-être, certains espéraient susciter chez les jeunes “maturandi”.
Tiziana BALMA