On se souvient tous de ce fameux 19 décembre 1943 où les représentants des populations des vallées alpines rédigèrent la « Déclaration de Chivasso » dans laquelle ils planifiaient l’avenir administratif et l’autonomie de leurs territoires au sein d’une organisation fédérale de type cantonal de l’État italien. Une vision claire, prospective et futuriste d’une structure étatique qui pourrait respecter le particularisme des populations montagnardes et leur donner le droit de s’ériger en entités autonomes.
Dans cette période de grands espoirs, ici parmi nous, un débat vigoureux s’engageait… avec des positions très différentes… sur quel avenir était souhaitable pour la Vallée d’Aoste. La langue française a alors joué, comme toujours, un rôle important… quelqu’un a même voulu l’exploiter pour s’en servir comme preuve manifeste de la nécessité de nous annexer à la France, un État (central et centralisateur) avec lequel nous n’avions historiquement que peu ou rien à partager.
Mais c’est le français.. NOTRE français… (c’est-à-dire la langue que la Vallée d’Aoste avait adoptée en 1536 comme langue officielle trois ans avant la France elle-même, cette langue qui avait ensuite été utilisée sans interruption pendant 4 siècles jusqu’à quand elle avait été brutalement interdite par l’avènement du fascisme) qui nous a permis, avec d’autres particularités culturelles, d’obtenir une forme d’autonomie, c’est-à-dire d’obtenir la reconnaissance officielle de notre existence.
Et si quelqu’un pense que si nous cessions d’exister en tant que peuple, ce ne serait pas une grande perte… ils ont tort, ils ont très tort. Car cela nous conduirait inévitablement à nous réveiller un jour et à nous retrouver n’étant plus qu’une province anonyme du Piémont… jetée aux oubliettes par un appareil bureaucratique d’État avec lequel il sera presque impossible de s’interfacer.
Mais nous sommes toujours là pour l’instant, nous faisons entendre notre voix à Rome et nous comptons continuer à nous battre pour être entendus. Et pour ce faire, il est extrêmement important que nous restions… ou redevenions… unis. Le nom même de notre Mouvement est une incitation à l’importance de l’union des pensées autonomes comme condition essentielle pour obtenir de grands résultats.
Encore, nous sommes le 19 décembre 1943.
Gardons cela à l’esprit !