La conférence « Le ski et la nature : une cohabitation gagnante » s’est tenue à Arvier le vendredi 29 novembre à 20h30 en présence de plus de cent vingt spectateurs.
L’objectif de l’événement, animé par le journaliste Luca Casali, était de rapprocher les dynamiques du tourisme « traditionnel » lié aux sports d’hiver de celles du tourisme « lent », en permettant de rappeler les impacts économiques directs et indirects que représente ce monde pour la Vallée d’Aoste, et en donnant aux représentants de celui-ci l’occasion de s’exprimer sur les défis d’aujourd’hui et de demain pour le secteur.
Joël Farcoz a lancé la conversation en rappelant que l’année prochaine l’Union Valdôtaine fêtera ses 80 ans, et que c’est grâce aux choix des hommes et des femmes unionistes que nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation florissante en tant que région axée sur la période, et même au-delà. En même temps, des questions se posent sur son développement, et c’est pourquoi les principaux acteurs du monde de la montagne se sont réunis à cette occasion, car l’Union Valdôtaine croit avec conviction au développement touristique, social et économique de nos territoires et de la Vallée d’Aoste dans son ensemble.
Le modérateur a ensuite invité le premier groupe d’intervenants à s’exprimer. Valeria Ghezzi présidente de l’Association nationale des gérants des remontées mécaniques (Associazione nazionale esercenti funiviari, ANEF), qui représente 90% du secteur en Italie, a été la première à prendre la parole.
Pour Mme Ghezzi, « les remontées mécaniques ont été parmi les premières à ressentir les effets du changement climatique sur leur peau ». La présidente a déclaré que d’un état de survie, on est passé à une phase où les travailleurs du secteur et les habitants de montagne ont pu continuer à en vivre. De ce point de vue, a indiqué Mme Ghezzi, l’Italie a su valoriser les communautés de montagne mieux que d’autres. Cependant, « si le secteur est très vivant et sain dans les Alpes, il l’est moins dans les Apennins ».
Pour Jean Pierre Fosson (Fondation Montagne Sûre), le changement climatique, avec des événements climatiques majeurs voire soudains affectant tous les territoires alpins dont la Vallée d’Aoste, demande à repenser la manière de prévoir et de prévenir les conséquences de ces bouleversements. En même temps, il est nécessaire de s’adapter, et cela nécessite des politiques allant dans ce sens, y compris à travers la mise en réseau des professionnels et des associations locales pour faire face à ces défis ensemble.
Dans le contexte d’un tourisme de plus en plus intégré à la communauté locale, Giuseppe « Beppe » Cuc, président de l’Association des moniteurs de ski de la Vallée d’Aoste, a rappelé que la profession du moniteur de ski va au-delà de l’aspect sportif et constitue un élément fondamental du tissu social de la Vallée d’Aoste. Les moniteurs de ski sont un pilier de notre communauté, car ils amènent chaque année des milliers de jeunes à la montagne et leur inculquent l’amour de la verticalité et de la nature », a déclaré M. Cuc, soulignant l’importance de transmettre les valeurs de la montagne aux nouvelles générations.
Ettore Personnettaz, représentant du programme SkiAlp Grand-Saint-Bernard, a parlé de la nécessité de promouvoir un modèle de tourisme qui unit les différentes zones de montagne, tout en respectant la biodiversité et l’environnement naturel.
« Le projet SkiAlp Grand-Saint-Bernard est un exemple concret de la façon dont les montagnes peuvent devenir un pont entre différentes cultures, dans un équilibre entre innovation et tradition. Il est essentiel de créer et de propager une culture de la montagne afin de continuer à la protéger », a déclaré M. Personnettaz.
Ferruccio Fournier (AVIF) a rappelé les points positifs des événements récents dans le monde des remontées mécaniques. Il a notamment rappelé les investissements réalisés, les bénéfices économiques et en termes d’emploi, ainsi que l’importante collaboration qui existe entre le monde des sociétés de remontées mécaniques et l’administration régionale. Fournier, citant une étude montrant que seul un valdôtain sur dix fait du ski, a rappelé que la réduction de 50% du prix des forfaits de ski pour les valdôtains (déjà en vigueur) permettra non seulement la réappropriation de ce monde par les valdôtains, mais permettra aussi de trouver le personnel qui maintiendra les remontées mécaniques dans le futur.
Luigi Bertschy (Assesseur à l’Essor économique, à la Formation et au Travail) a rappelé que les remontées mécaniques sont un secteur stratégique pour notre économie de la montagne tournée vers l’avenir. Ce secteur emploie actuellement 5000 personnes, occupe seulement le 0,41% de notre territoire, mais représente 7,6% de notre PIB. L’initiative de l’AVIF de réduire de 50% le prix du forfait de ski est essentielle pour maintenir ce monde valdôtain intact. Pour Bertschy, il est nécessaire de disposer d’une stratégie de développement très solide afin de rester compétitif par rapport aux autres stations et aux autres régions où le tourisme fait battre le cœur de l’économie locale. Celles-ci sont la source d’importantes retombées économiques, comme l’a récemment rapporté l’étude FinAosta.
La discussion a également porté sur l’avenir du tourisme, soulignant par la même occasion les nouvelles tendances qui se sont développées depuis la pandémie. Giulio Grosjacques, Assesseur au tourisme, aux sports et au commerce, a parlé de l’arrivée de nouveaux flux touristiques, comme ceux des États-Unis et des pays nordiques, et des opportunités qu’ils représentent pour la Vallée d’Aoste. « La pandémie a changé notre vision du tourisme. Nous devons maintenant nous concentrer sur les nouveaux flux touristiques, en tenant compte de l’inclusion et de l’accessibilité, y compris des personnes à mobilité réduite. Nous restons leaders nationaux sur les sports d’hiver accessibles et devons continuer à persévérer dans cette direction », a déclaré M. Grosjacques, qui a également souligné les efforts mis en place pour rendre nos montagnes plus accessibles.
Federica Bieller, présidente de Skyway Mont Blanc, a également souligné l’importance de la durabilité et de l’innovation dans les infrastructures touristiques. « Chaque élément de notre paysage touristique et de nos installations contribue à renforcer l’image de la Vallée d’Aoste. Le Skyway, dont nous fêterons prochainement les dix ans, a atteint l’objectif de réduire les émissions à zéro, démontrant ainsi que l’environnement et l’infrastructure peuvent coexister en harmonie », a déclaré Mme Bieller, soulignant comment la technologie peut se rendre au service de la durabilité.
Luigi Fosson (ADAVA) a secondé les réflexions de Mme Bieller en soulignant de son côté le travail accompli par l’association des hôteliers pour améliorer la connaissance de la région de la part de ceux qui travaillent dans le domaine, saisonniers ou non. « Nous ne devons pas nous fragmenter en secteurs, mais nous devons tous être un morceau de la Vallée d’Aoste », a déclaré M. Fosson, soulignant la nécessité d’unir tous les secteurs économiques autour d’une vision commune.
Davide Bolognini, président du parc naturel du Mont Avic, a rappelé que les parcs, tels que le Mont Avic, ne protègent pas seulement la biodiversité, mais offrent également une alternative valable au ski pour ceux qui souhaitent découvrir la nature d’une manière plus paisible. Le parc créé en 1989 grâce à l’impulsion de l’Union Valdôtaine « représente aujourd’hui une synergie entre la protection de l’environnement et le développement économique par le biais d’un tourisme durable », a déclaré M. Bolognini.
Le ski-alpinisme, qui connaît une popularité croissante, a également été au centre de la discussion. Roger Bovard, du comité d’organisation du Tour du Ruitor, a souligné comment ce sport évolue dans un sens plus respectueux de la nature. « Le ski-alpinisme devient de plus en plus une activité qui se focalise sur la connaissance de nos vallées, au-delà de la compétition », a déclaré M. Bovard, qui a aussi souligné comment la compétition permet tout de même d’attirer des sportifs et des médias extérieurs à la Vallée d’Aoste.
Ezio Marlier, président de l’Unione Valdôtaine des Guides de Haute Montagne (UVGAM), a souligné l’importance des réglementations qui protègent les professions, comme celui des guides de moyenne montagne, qui garantissent la compatibilité entre la montagne et les activités économiques. « L’alignement récent des réglementations régionales à celles de la France et de la Suisse ont permis à nos guides d’opérer sans entraves, dans le respect de l’environnement et des réglementations internationales », a déclaré M. Marlier.
En conclusion de l’évènement, au niveau européen, Luciano Caveri (Assesseur aux affaires européennes, à l’innovation, au PNRR et aux politiques nationales de la montagne), a rappelé que développement et nature doivent être maintenus, ensemble, sur la même trace de la culture montagnarde qui nous a été transmise. « Émile Chanoux nous a appris qu’on ne peut pas penser la montagne sans tenir compte de ceux qui y vivent. La nature et l’homme doivent coexister afin de maintenir l’équilibre qui nous permet de prospérer », a déclaré M. Caveri. La Vallée d’Aoste doit se faire promotrice d’une vision commune aux 48 régions de la macro-région alpine afin de parvenir à un consensus sur ces questions, pour contraster des rhétoriques visant à nous diviser et à nous affaiblir », a-t-il ajouté.
En conclusion de la soirée, Aurelio Marguerettaz, président du groupe de l’Union Valdôtaine au Conseil régional, a déclaré qu’une « Vallée d’Aoste diverse s’est dessinée lors de cette rencontre » et que l’Union Valdôtaine espérait « pouvoir donner un espace représentatif à tous », en s’opposant à « certainnes personnes qui, spéculant de leurs perchoirs politiques, proposent des solutions non durables ». M. Marguerettaz a rappelé que la Vallée d’Aoste ne pourrait pas offrir un produit touristique exceptionnel sans son professionnalisme, ses talents et ses produits. Un exemple de développement durable est le projet Skyway, qui est absolument compatible avec la nature et l’écosystème environnant. Continuer à investir dans l’expansion du domaine skiable valdôtain, donc, permettra de favoriser un tourisme d’excellence qui attire des visiteurs du monde entier, bénéficiant ainsi la communauté valdôtaine dans son ensemble.
La conférence a été une occasion importante de débat, inscrite dans le socle des actions politiques et des lignes directrices que l’Union Valdôtaine a toujours poursuivies, visant à promouvoir le développement durable de la Vallée d’Aoste, à protéger les ressources locales et le bien-être de la communauté valdôtaine, en harmonie avec cette nature qui caractérise notre territoire.