Nous sommes 1945, dans la salle ducale de l’Hôtel de la Ville, les décrets sur l’autonomie de la Vallée d’Aoste ont été présentés, ils seront promulgués par le lieutenant général du royaume le 7 septembre. Les décrets, cependant, étaient trop éloignés des attentes. La protestation s’est rapidement propagée dans la Vallée d’Aoste et furent les communes à manifester les premières contre l’autonomie crayonnée dans les décrets, qui ne répondaient pas aux attentes.
Dans ce contexte, le 13 septembre 1945 est née l’Union Valdôtaine, elle est née d’un groupe de valdôtains déterminés à promouvoir et défendre les intérêts de la Vallée d’Aoste. L’histoire ainsi que l’action politique du Mouvement ont conduit notre région à renforcer son autonomie, qui a eu, au cours des siècles, un parcours fluctuant, dont le fil rouge a toujours été un profond sentiment d’appartenance à la communauté valdôtaine qu’aucun centralisme, même les plus aberrants, n’a pas éradiqué. L’esprit d’inspiration du Mouvement, même dans les moments les plus sombres de l’histoire de la Vallée, a toujours été présent, caché comme braise sous les cendres et prêt à s’enflammer. Nous l’avons vu dans les actions constantes de l’Abbé Joseph-Marie Trèves, dont nous rappelons aujourd’hui le quatre-vingtième anniversaire de la disparition.
La substance politique et l’esprit de la pensée de l’abbé Trèves est bien exprimé dans une lettre qu’il envoyât à l’Abbé Pierre Gorret. En quelques lignes Trèves a résumé la pensée autonomiste de la Vallée d’Aoste, une pensée qui sera ensuite élaboré et décliné par Emile Chanoux, à laquelle l’Union Valdôtaine s’est inspiré. Pour la première fois, et nous sommes en 1931, Trèves trace sa proposition qui est révolutionnaire pour l’époque en parlant de « état valdôtain fédéré ».
Mais si Trèves, il y a presque cent ans, parlait sans hésitation de fédéralisme, ce fédéralisme que nous citons souvent, ce fédéralisme qui est le pilastre du statut de l’Union valdôtaine, aujourd’hui où est-il ? Le défi pour le futur sera de relancer la pensée fédéraliste. Pensée fédéraliste et autonomiste que nous voyons de plus en plus obscurcie, lointaine, et alors essayons de raviver les braises qui se trouvent sous les cendres en nous faisant écouter, en étant unis, le regard vers l’avenir de la Vallée d’Aoste.
Je terminerai par un espoir : l’autonomie et le fédéralisme sont les atouts qui doivent guider la Vallée d’Aoste et tous ceux qui veulent retrouver une cohérence avec ces principes afin d’avoir du respect et un poids politique envers un centralisme qui continue de se manifester avec virulence.
Cristina Machet