Notre Histoire

40 ans de la disparition de Maria Ida Viglino

Maria Ida Viglino, 1975. Photo Umberto Andreetto, 1975 Région autonome Vallée d'Aoste - Archives BREL - Fonds CEFP/Willien 13ème Concours scolaire de patois "Abbé Jean-Baptiste Cerlogne".

Seule et unique femme parmi les fondateurs de l’Union Valdôtaine, le 13 septembre 1945. Seule et unique femme au sein du Conseil du « Comitato di liberazione nazionale », le 10 janvier 1946. Première femme assesseur à l’instruction publique, le 8 juillet 1954.

Ce 24 juin 2025, à quarante ans de sa disparition, on se souvient de sa lutte en défense de la langue française, de l’école valdôtaine, de l’autonomie, de la Vallée d’Aoste toute entière.

Nous vous proposons ci-après l’article du Peuple Valdôtain du 27 juin 1985, signé par Alexis Bétemps, au moment de sa mort.

Roland Martial

ADIEU, MADEMOISELLE

À la suite d’une hémorragie cérébrale, Mademoiselle Maria Ida Viglino nous a quittés à 2 heures du matin, le 24 juin. Mademoiselle n’est plus avec nous. Elle est partie soudainement, et nous avons encore du mal à mesurer l’ampleur de cette perte.

Le Mouvement avait encore des projets pour elle, et elle avait encore des projets pour le Mouvement. Malgré un état de santé chancelant depuis des années, et bien qu’elle ait dû renoncer à certaines charges trop prenantes, elle n’a jamais cessé de s’occuper des problèmes de la Vallée d’Aoste et de l’Union Valdôtaine. Elle participait activement aux réunions de sa section, du Comité Central, des commissions, en y apportant toujours une contribution personnelle. Sa voix était souvent celle de la conscience profonde du Mouvement.

Ce respect et ce prestige, elle les avait conquis par une vie active et cohérente, entièrement consacrée à la défense des droits de son peuple.

Très jeune, elle avait connu l’émigration. Revenue au pays en pleine jeunesse, elle joua un rôle politique essentiel dans la Résistance valdôtaine. Membre du CLN Valdôtain, elle fut nommée au premier Conseil Régional. Membre fondatrice de l’Union Valdôtaine, elle prit part aux débats politiques à un moment particulièrement délicat pour notre région.

Quand elle s’éloigna un temps de la politique active, l’enseignement la mobilisa. Des générations d’élèves valdôtains gardent le souvenir d’une professeure préparée, juste, consciencieuse et exigeante.

Lorsqu’elle fut de nouveau appelée à servir la politique, d’abord comme conseillère régionale puis comme Assesseure à l’Instruction Publique, elle le fit avec les mêmes qualités, enrichies d’une humanité particulière.

Rappeler ici toutes ses batailles politiques serait trop long. Et sous le coup de l’émotion, on risquerait d’en oublier. J’aimerais quand même évoquer celle qui, sans doute, lui tenait le plus à cœur : ce que Mademoiselle appelait « la bataille pour le français à l’école ». En 1977, lors de l’institution des cadres régionaux pour les enseignants, la majorité était divisée sur le projet unioniste qu’elle avait présenté. Le contenu de la loi risquait d’être dénaturé par des amendements de toutes les forces politiques.

Le bruit courut, une pétition fut lancée spontanément, et, le jour du Conseil, une foule de Valdôtains venus de toutes les communes occupa en silence les places du public dans la salle du Conseil. Ils étaient là, simplement, pour être près de Mademoiselle.

Et quand elle présenta la loi, opposition et dissidents de la majorité acceptèrent sa ligne, ne proposant que quelques modifications mineures. Une bataille importante pour notre langue française fut ainsi remportée.

Par une vie inspirée par les idéaux valdôtains et une action constante, Mademoiselle a su gagner, pour toujours, l’amour et l’estime des Valdôtains.

Merci, Mademoiselle, pour tout ce que vous avez su nous donner, et pour tout ce que vous nous avez appris.

La Vallée d’Aoste et le Mouvement vous en sont reconnaissants.

Alexis Bétemps

Crédits photo de couverture:

Photo Umberto Andreetto, 1975

Région autonome Vallée d’Aoste – Archives BREL – Fonds CEFP/Willien

13ème Concours scolaire de patois « Abbé Jean-Baptiste Cerlogne ». Fête de cloture. Au premier plan, on retrouve assises à gauche la poète Reine Bibois Ruffier avec à sa droite l’assesseur régionale à l’instruction publique Maria Ida Viglino. Au second plan et au centre quelques membres du groupe Les Teintamares (Lou Tintamaro), et à droite le surintendant des écoles Auguste (Augusto) Thiébat. En arrière-plan, le Grand Paradis.

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