À l’issue d’une série de quatre conférences consacrées à la mémoire de l’émigration, organisées sur le territoire régional depuis le mois de juin, et complétée par une exposition dédiée aux mouvements migratoires aménagée dans la salle du Tsantì de Bouva, c’est la communauté de Fénis tout entière qui a fêté les émigrés valdôtains et leurs familles, en collaborant avec la Présidence du Gouvernement pour accueillir la 46e édition de la Rencontre Valdôtaine.
Ce traditionnel rendez-vous a débuté au Tsantì de Bouva sur les notes du Corps philharmonique de Fénis et a été animé, tout au long de la journée, par le groupe historique de Fénis Le Cors dou Heralt et le chœur ChanteEnvers.
Après la messe du matin, en plein air, les représentants des autorités ont pris la parole tour à tour, avant de dévoiler une plaque commémorative. La bénédiction de celle-ci a été suivie du dépôt d’une gerbe à la mémoire des émigrés.
Selon le Président de la Région Erik Lavevaz, la Rencontre permet certes de réunir les familles de ceux qui ont autrefois quitté la Vallée d’Aoste.
« Mais l’émigration est aussi un phénomène actuel et nous voyons un certain nombre de jeunes Valdôtains qui, citoyens de l’Europe et du monde, traversent les frontières pour atteindre leurs objectifs de travail et de vie. Ils forment déjà un réseau important, qui doit être soutenu pour valoriser les énergies de toutes ces Valdôtaines et de tous ces Valdôtains dispersés. Et la francophonie dont la Vallée d’Aoste fait partie constitue un atout inestimable pour l’avenir de nos jeunes, dans notre univers toujours plus interconnecté, où le plurilinguisme est la clé de bien des opportunités ».
Erik Lavevaz
Le Syndic de Fénis a pour sa part affirmé que la petite région est très fière de ses filles et de ses fils émigrés qui ont su, loin de leurs proches, trouver leur vocation et forger leur propre identité. Il a rappelé que les jeunes doivent parfois quitter leur pays et leur famille pour aller travailler ou étudier au loin : un choix qui n’est pas toujours facile, même si les conditions actuelles ne sont pas aussi pénibles que celles d’autrefois. Il a conclu son discours sur une note d’espoir : que leur expérience puisse témoigner de la force de l’attachement à la terre où lon est né.
C’est le Président du Comité Fédéral des Sociétés d’Émigrés Valdôtains (CO.FE.S.E.V.) qui a ensuite pris la parole. Dans son intervention, il s’est arrêté sur le réchauffement climatique et la sécheresse que nous connaissons en ce moment. Il a souligné que nous avons reçu de nos parents une belle région et qu’il nous revient de la transmettre tout aussi belle aux nouvelles générations. Les émigrés ont quitté la Vallée pour des raisons économiques, voire politiques, et on ne voudrait pas assister à une nouvelle vague de départs, pour des raisons climatiques, cette fois. Et de ce point de vue, il y a déjà, dans le monde, des zones devenues invivables, dont les populations recherchent des terres moins hostiles. Il a aussi affirmé que pour ralentir les effets des changements climatiques, des actions sont nécessaires mais qu’elles doivent être tant collectives qu’individuelles : on doit changer le mode de vie et réinventer le rapport humain avec la nature. Ce ne sera pas facile, mais l’enjeu est de taille : vivre et travailler au pays, conserver la culture et les traditions valdôtaines et transmettre « la Vallée d’Aoste » avec ses beautés, ses richesses et ses valeurs humaines.
Après un apéritif en musique et le déjeuner convivial, les participants ont pu prendre le petit train pour un tour panoramique avec différents arrêts (au M.A.V., au château, au moulin et au four) et visiter, dans la salle de Tsantì de Bouva, l’exposition aménagée grâce à la collaboration des écoles primaire et de l’enfance de Fénis avec le groupe de travail du projet « La Mémoire de l’émigration ». Celle-ci a présenté plusieurs cas d’émigration aux XXe et XXIe siècles, ainsi que les résultats d’une recherche menée par les élèves sur les migrations dans la commune et intitulée Fénis, lieu de départ et terre d’accueil.